Haruchi Noguchi

Fondateur du Seitai et du Katsugen Undo

H.Noguchi, © Seitai Kyokai

En 1911, naît Haruchika Noguchi qui grandit au Japon. C’est un enfant précoce qui guérit les personnes du quartier avec ses mains. En 1923, lors du grand tremblement de terre du Kanto, le plus puissant enregistré à Tokyo, où 100 000 personnes vont disparaître, cet enfant de 12 ans va soigner de manière intuitive un très grand nombre de personnes. Constatée par son entourage, sa capacité peu commune à provoquer un rétablissement inespéré et rapide chez les blessés, y compris graves, et cela uniquement par l'application de techniques manuelles de sa propre invention, le mène à acquérir un statut public de guérisseur-secouriste, dont il fait rapidement une carrière professionnelle fulgurante.

Pendant de nombreuses années, il va recevoir des clients et utiliser ce qu’il croyait être un don unique et exceptionnel, sans avoir aucune connaissance d’anatomie ni de médecine. À 15 ans, il ouvre un dojo à Iriya, et se passionne pour son art. Il se met à étudier alors toutes les méthodes thérapeutiques orientales et occidentales et écrit : « Préceptes de la vie pleine » (Zensei Kun).

Dans les années cinquante, il commence à douter de l’efficacité sur le long terme de ses soins pour que ses clients demeurent en bonne santé.

Jadis, j'utilisais la technique seitai pour soigner [...] Au début, cette idée me plaisait bien et pendant une dizaine d'années, je me suis appliqué à soigner les gens, et comme c'était efficace, les gens venaient me voir dès qu'ils avaient des problèmes, et ils oubliaient qu'ils avaient en eux-mêmes la capacité de retrouver la santé. De plus, l'idée que des centaines ou des milliers de gens qui m'approchaient, fussent en bonne santé grâce à moi, me gênait énormément. Parce que je voulais que tout le monde sans exeption soit en bonne santé.
H.Noguchi, extrait de conférences

Il commence alors une autre approche. Il arrive à la conclusion qu’aucune méthode de guérison ne peut sauver l’être humain. Il abandonne la thérapeutique, conçoit l’idée de Seitai et le Katsugen undo.

La santé, une chose naturelle qui ne requiert aucune intervention artificielle

La thérapeutique renforce les rapports de dépendance. L’être humain comme l’animal peut s’auto-réguler seul, c’est la surprotection qui l’affaiblit. Il décide donc d’arrêter de guérir les personnes et de propager le Katsugen undo, et Yuki , qui ne sera pas la prérogative d’une minorité, mais un acte humain et instinctif pour une majorité d’êtres humains qui vont gérer seuls leur santé.

H.Noguchi, © I.Tsuda
Il faut modifier d'abord son corps pour réussir à développer sa vitalité au maximum. Grâce à cela, tout naturellement, on ira mieux et même si on attrape une maladie, elle passera rapidement; s'il s'agit d'une femme enceinte, elle accouchera sans douleur. Je dis cela, mais ce n'est pas le but. Le vrai but, c'est seulement de développer son potentiel, en respectant la nature de son corps.
  H.Noguchi, extrait de conférences

En 1956, il officialise l’Association Seitai, reconnue et appuyée encore aujourd’hui par le Ministère de l’éducation nationale du Japon. Il enseigne directement aux membres de l’association, fait des conférences dans tout le Japon et organise des séances de Katsugen Undo avec des centaines de personnes. En 1976, il meurt à 64 ans, dans sa maison de Tokyo, entouré par sa famille.

Itsuo Tsuda

Comment le Katsugen Undo a-t-il été connu en France ?

D'origine japonaise, Itsuo Tsuda naît en 1914 à Pusan en Corée (alors annexée par le Japon). Il se révolte à l'âge de 16 ans contre la volonté paternelle qui le destine comme héritier de sa fortune. Il quitte sa famille et se met à la recherche de sa liberté de penser.

Après s'être réconcilié avec son père, il vient en France en 1934. Il fait ses études avec Marcel Granet, sinologue, et Marcel Mauss, sociologue et anthropologue, jusqu'en 1940. C’est alors qu’il est rappelé au Japon pour y être mobilisé.

Tsuda et Noguchi, © Seitai Kyokai

Entre 1945 et 1970, tout en travaillant comme interprète du chef des relations publiques d'Air France à Tokyo, il s'intéresse aux aspects culturels du Japon, et se passionne de plus en plus pour la notion de « Ki ». Il étudie la récitation du Nô avec Maître Hosada de l’école Kanze Kasetsu, commence l’apprentissage du Seitai avec Maître Noguchi à 31 ans (formation qui durera une vingtaine d’années) et rencontre Maître Ueshiba à 45 ans, le fondateur de l’Aïkido, dont il sera l’élève jusqu’à la mort de celui-ci en 1969.

Dans ces trois disciplines , Nô, Seitaï et Aïkido, le Ki tient une place centrale.

L’essence de l’action, c’est la respiration, le souffle, le ki.
I.Tsuda, "Le Non Faire"

En 1970, à l’âge de cinquante-six ans, il quitte son emploi salarié et se lance dans une aventure sans garantie ni promesse hors du Japon.

Après avoir parcouru les Etats-Unis, il arrive à Paris et se met à écrire en français sur cette matière insaisissable, le ki. En 1973 son premier livre, Le Non-Faire, est publié au Courrier du Livre. Pendant 10 ans, il n’a de cesse de propager le Mouvement Régénérateur et l'Aïkido à Paris, Genève, Ibiza, Madrid et partout en Europe. Il souhaite rendre les êtres humains indépendants de la thérapeutique et du thérapeute par une pratique simple et accessible.
"Je plante des graines, disait-il, un jour peut-être pousseront-elles?"

Il publie ensuite 8 livres en français:

  • La Voie du dépouillement
  • La science du particulier
  • Un
  • Le Dialogue du silence
  • Le Triangle instable
  • Même si je ne pense pas, je suis
  • La Voie des dieux
  • Face à la science

  • Il est aussi l’auteur de nombreuses calligraphies et a initié la pratique à des centaines de personnes qui ont essaimé des groupes dans toute l’Europe.

    Il décède en 1984, à l'âge de 70 ans.

    Je suis seulement un poteau indicateur. Je vous montre vers où vous pouvez vous diriger, c’est tout. À vous d’aller dans cette direction ou de passer votre chemin. Chacun est libre de faire ce qu’il veut.
    I.Tsuda, extrait de conférence